SAINT-MARIN

SAINT-MARIN
SAINT-MARIN

État indépendant enclavé dans le territoire italien, remarquable par ses dimensions réduites (61 km2), la république de Saint-Marin (San Marino) se singularise par l’ancienneté et par la continuité de ses institutions depuis le Moyen Âge.

Situé à une dizaine de kilomètres au sud-ouest de Rimini, entouré par l’Émilie-Romagne et par les Marches, le territoire fait partie de l’Apennin calcaire: c’est un ensemble de collines dominées par la crête abrupte du monte Titano (750 m). L’existence de Saint-Marin est intimement liée à cette montagne, refuge et fortification naturelle, sur le sommet de laquelle se dresse la capitale.

Une tradition d’indépendance

La tradition historique a tendu à faire remonter aussi loin que possible dans le passé un idéal exceptionnel de liberté et d’égalité. Saint-Marin aurait pour origine une petite communauté chrétienne, fondée au IVe siècle par Marin, tailleur de pierre dalmate, réfugié sur le monte Titano, pour échapper aux persécutions de Dioclétien. Il aurait reçu d’une dame de Rimini toute la montagne en «alleu» (terre libre et franche sans aucune dépendance). En fait, les rares documents historiques prouvent seulement la présence à cet endroit d’un monastère vers 500, d’un château fortifié au milieu du VIIIe siècle, et à nouveau d’un monastère en 885, possédant d’assez vastes domaines cultivés, ce qui implique l’établissement d’une population agricole. Ce n’est donc que vers les Xe et XIe siècles que commence réellement l’existence de la cité, avec l’augmentation de la population et la nécessité d’une organisation civique; aux côtés de l’abbé apparaît un deffensor , chargé de la défense, et se constitue l’Arengo , assemblée des chefs de famille, qui détient le pouvoir délibératif suprême.

Du XIe au XIIIe siècle, la communauté eut à se défendre contre les prétentions de la papauté, des évêques voisins de Rimini et de Montefeltro (elle se rangea aux côtés des gibelins). Elle reçut en donation ou acheta de nouveaux territoires, et consolida son système de défense et son organisation interne: les premiers statuts communaux, antérieurs à 1295, furent réformés à plusieurs reprises; les magistrats suprêmes étaient les consuls (appelés à partir de 1302 capitaines et défenseurs); elle prit le nom de république. Sa force nouvelle provoqua aux XIVe et XVe siècles de nombreuses convoitises et des guerres avec ses voisins, les ducs de Rimini, durant lesquelles elle fut soutenue par les ducs d’Urbino. Grâce à leur alliance, à celle des papes et des ducs d’Aragon, rois de Naples, elle en sortit définitivement victorieuse en 1462, ayant affermi sa position parmi les États italiens de l’époque et atteint ses limites territoriales définitives. C’est probablement vers cette époque que l’Arengo délégua ses pouvoirs à une Assemblée plus restreinte: le Grand Conseil (vingt nobles, vingt bourgeois, vingt paysans, nommés à vie et se recrutant par cooptation). La première moitié du XVIe siècle fut encore marquée par des tentatives d’occupation: en 1503, année la plus sombre de son histoire, elle fut occupée plusieurs mois par les troupes de César Borgia. À partir de 1550, aucun événement militaire ne vint la troubler.

Aux XVIIe et XVIIIe siècles, un déclin relatif se manifesta: abus du droit d’asile, tendance oligarchique du Grand Conseil, discordes internes, qui provoquèrent une tentative d’annexion par la papauté (occupation par le légat pontifical Alberoni en 1739).

Par la suite, la république de Saint-Marin, trop petite pour être gênante, prit une valeur de symbole: Bonaparte, en 1797, la respecta; en 1815, le congrès de Vienne reconfirma sa souveraineté. Elle offrit constamment asile à de nombreux exilés et réfugiés politiques (notamment à Garibaldi et aux restes de ses troupes, en 1849, après la chute de la République romaine). Elle se mit, en 1862, sous la protection du royaume d’Italie, et a renouvelé cet accord à plusieurs reprises. Saint-Marin devient fasciste en même temps que l’Italie, et elle subit un violent bombardement en 1944.

Un État communal médiéval

La vie publique est réglée en principe par les statuts de 1600, mais ceux-ci ont été modifiés à diverses reprises, en particulier en 1906, lorsque fut institué le suffrage universel et que l’élection remplaça l’ancien système de cooptation des membres du Grand Conseil général. Cette assemblée de soixante membres, renouvelée tous les quatre ans, exerce le pouvoir législatif, vote le budget et nomme les fonctionnaires. Deux capitaines-régents, nommés pour six mois et rééligibles seulement au bout de trois ans, exercent les fonctions de représentation. Ils président le Conseil d’État de dix membres, avec qui ils assurent l’exécutif. Le Conseil des Douze a des fonctions judiciaires.

La république de Saint-Marin revendique le plein exercice de la souveraineté en matière judiciaire, administrative et internationale. Elle a un observateur à l’Organisation des Nations unies et entretient des représentations diplomatiques. Il n’y a pas de service militaire, mais la république conserve une garde symbolique. La monnaie est la lire italienne, la langue est l’italien. Elle dépend du point de vue ecclésiastique de deux évêques, ceux de Montefeltro et de Rimini, car elle a toujours refusé d’avoir un évêque sur son territoire.

En janvier 1993, la population était estimée à 24 000 habitants (7 080 en 1865), répartis en neuf agglomérations, dont la capitale, San Marino, son faubourg commercial, Borgo Maggiore, et la ville de Serravalle. L’émigration a longtemps été forte, mais on constate actuellement un mouvement de retour. L’agriculture (céréales, vins, olives) et l’élevage ont toujours constitué la base de son économie, dont l’essor récent est dû au développement du tourisme et de l’artisanat (céramiques, pierres et bois sculptés). Depuis longtemps, Saint-Marin exporte la pierre du monte Titano. Des facilités fiscales ont favorisé l’implantation de quelques entreprises industrielles (ciment, caoutchouc, cuir, tissus...). L’État tire des ressources importantes de la vente des timbres-poste; une part notable de ses revenus lui est assurée par l’État italien, en échange de la reconnaissance des monopoles de celui-ci sur les tabacs, les cartes à jouer, etc., et de la suppression des droits de douane.

Cet exemple unique de survivance d’un État communal médiéval (les autres petits États d’Europe: Andorre, Liechtenstein, Monaco, ne datent que du XVIe ou du XVIIe siècle, et ont parfois aliéné leur indépendance) peut s’expliquer par des éléments dont l’importance a varié au cours des siècles: d’abord son site inexpugnable et sa relative pauvreté, ensuite son habileté et sa sagesse politique qui se manifestèrent encore en 1797 lorsqu’il refusa les offres d’agrandissement de territoire faites par Bonaparte, enfin sa valeur symbolique de cité libre et ses faibles dimensions.

Saint-Marin
(République de) (Repubblica di San Marino), petit état enclavé en territ. italien, au S.-S.-O. de Rimini; 61,2 km²; 24 300 hab.; cap. San Marino (4 600 hab.). Nature de l'état: rép. (dep. le XIIIe s.) gouvernée par un Grand Conseil général (pouvoir législatif), qui élit deux capitaines-régents pour six mois, et par un Congrès d'état (pouvoir exécutif). Langue off.: ital. Monnaie: lire ital. Relig.: cathol.
Adossé à l'Apennin, le pays est formé de collines. La cap. a été bâtie sur l'éperon du mont Titano (726 m).
Ressources traditionnelles (vigne, pierre à bâtir); émission de timbres; surtout, tourisme.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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